C’était la pandémie (reste avec moi je sais que t’es tanné.e de lire ce mot-là mais suis-moi steuplaît) le monde s’écroulait et essayait de se reconstruire comme il pouvait et moi je soufflais 25 bougies. Je suis chanceuse je suis née l’été, alors c’était la saison des soupirs de soulagement et du bref retour de la probable possibilité éventuelle des petits rapprochements de partage de bières dans la cour arrière de la maison (mais vraiment il ne fallait pas trop s’approcher, mettons rentre pas chez moi pour faire pipi si possible merci).
(Je vous jure que je suis une bonne hôtesse c’est juste une blague.)
J’ai célébré 25 ans gaiement et fièrement et aussi un peu terrifiée par les années qui s’additionnent on se dit les vraies choses ici. Et puis au fil des mois je scrollais sur mes réseaux sociaux (comme d’hab, rien d’inhabituel, mais). Je voyais mes amies devenir mamans et propriétaires de maisons et se fiancer et cuisiner du pain (!!!) et s’accomplir de magnifiques façons et je me demandais si coudonc j’étais-tu en retard moi avec mon célibat de fille universitaire qui rêve de graduer cum laude et qui – entre deux livres sur les théories de la communication – essaie de payer ses factures en travaillant vraiment-beaucoup-plein ?
Jesaisjesais je m’accomplis aussi et je suis reconnaissante de ce que j’ai/je construis c’est la vérité promis. C’est important la #gratitude (sans joke).
Reste que what a time to be alive, l’inflation la crise climatique la société de performance l’épidémie d’anxiété, etchétéra. Je me demandais comment les gens faisaient pour être où ils étaient. Comment ils faisaient pour trouver l’équilibre que moi je ne trouvais pas. Je me demandais si j’étais peut-être pas normale de ne pas rendue à la même place qu’eux sur la ligne des grands événements de la vie (études, appartement, travail [je suis ici], maison, famille, mariage, retraite).
Est-ce que je me suis trompée quelque part ? J’ai mis tout mon coeur à l’école et au travail et un peu moins dans le selfcare (concept de marde qui sert juste à nous culpabiliser de ne pas être capable de prendre le temps de passer sa soirée dans un bain à la lavande ou d’allumer des chandelles à l’eucalyptus pour se calmer les nerfs, si tu veux mon avis). Pourquoi personne a l’air d’être essoufflé du quotidien ? Le fait de me poser pendant la pandémie m’a fait du bien mais le jour où tout est reparti c’est comme si j’avais pas eu le choix d’embarquer dans le train et ciboulette il va vite hein le train.
Au moment d’écrire ces lignes j’ai 26 ans et bien honnêtement je ne pensais pas que de franchir le cap du je-suis-plus-près-de-la-trentaine me jouerait dans la tête autant (je sais je suis jeune blablabla, je comprends c’est vrai mais). Des fois j’ai l’impression qu’il est trop tard et j’étouffe, c’est comme si j’avais un mur devant moi avec un méga graffiti dessus qui dit : «trop tard ma chum t’aurais dû commencer à réaliser TOUS tes rêves à 20 ans». Promis j’en ai réalisé des rêves je suis chanceuse, mais j’en ai beaucoup des rêves et c’est difficile de travailler sur chacun d’eux en même temps.
En plus de ma crise du quart de siècle, ajoute à ça un virus assez fort pour mettre le monde entier sur pause, l’impression que j’ai perdu deux ans et demies de ma vie à mettre du Purell sur mes mains : le résultat c’est un bon cocktail acide de crise existentielle j’peux te le dire. (Par contre c’est efficace parce que je pense que je n’ai pas encore attrapé la cov’… knock on wood).
Les deux dernières années ont été difficiles pour tout le monde c’est clair. Et je nous trouve tous forts et fortes d’être encore capables de respirer, la tête à moitié hors de l’eau. Je sais aussi que vieillir et affronter la vie c’est un défi pour tout le monde (à différents niveaux j’entends), et que mes réflexions et mes grandes questions existentielles je ne suis pas la seule à les avoir vécues (et à les vivre encore). Pandémie ou pas.
À 26 ans, la vie me rentre encore dedans parfois, mais j’ai appris à être fière de moi. Les remises en question, les bumps on the road, les détours, c’est vraiment inconfortable mais ça me force à ralentir et à regarder autour de moi, les yeux bien grands pour voir où je m’en vais. Mieux avancer. Et réaliser qu’au fond, on ne vit pas tous nos vies dans le même ordre et c’est correct aussi.
Image de couverture : ©Luise and Nic/Unsplash